Ici la Terre

 

Uranus, Jupiter, Neptune… Tous plus classes les uns que les autres, les noms des planètes. Pour ce qui nous concerne en revanche, nous avons bien chié dans la colle.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Tout baptême est empreint de gravité. Terrestre en l’occurrence. Parce que, quitte à rester terre à terre, on avait autant choisir Sol ou Plancher des vaches. Ou Le par terre.

Chez les voisins, même manque criant d’originalité : Earth (anglais), Erde (allemand), Terra (italien), dàdi (« grande terre » des Chinois)… on en passe et des plus plates.

Et les civilisations qui nous ont précédé ? Chez les Grecs, elle prend le nom de Gaïa, la déesse mère. N’avait-ce pas davantage de gueule ?

En sus, imaginez nos expressions transposées aux autres astres. « Un homme à terre » = « un homme à saturne ». France terre d’accueil deviendrait France vénus d’accueil. Et une vigie qui crierait « Terre ! », c’est comme si elle s’époumonait « Mercure ! ».

 

Fort à propos, nommer Terre une planète recouverte à 70% d’eau, il y a de quoi rendre son quatre-heures de rire. La moindre des politesses aurait été de l’appeler Mer. Seule concession à cette vérité : « la planète bleue », qui vient parfois paraphraser « la Terre ». Aaaaah faudrait savoir. Soit la Terre est de couleur terre, soit elle est bleue et il faut la débaptiser d’urgence.

 

D’ailleurs, la mythologie, c’est toujours pour les autres. Pour rester dans les divinités, tout le monde porte un prénom : Allah, Yahvé… Sauf Dieu. Dieu, c’est un peu comme si on l’appelait Chef.

 

Heureusement que le reste du système solaire nous ignore. Les Martiens seraient sans doute moyennement emballés par leur blase terrestre, alors qu’eux-mêmes se donnent du zlutz.
Nettement moins poétique que le zlotz par lequel ils nous désignent dans leur langue.

Merci de votre attention.