Comment détecter la petite cuiller restée dans le fond de l’évier ?

 

Rire sardonique des propriétaires de lave-vaisselle. Voilà typiquement le genre de problèmes qui ne les concerne pas : tout est sagement restitué par l’engin en bout de course. Vous qui frottez la vaisselle à l’ancienne (that’s to say à l’huile de coude) aurez beau jeu de railler en retour les verres dépolis qui ne croisent jamais un torchon.

Le schisme de l’évier.

Il n’en reste pas moins que dans le vôtre, une petite cuiller parvient toujours à se terrer sous la mousse. Vous ne la découvrez qu’en débouchant la bonde, après des dizaines de plongées dans le bac, d’écartements subaquatiques façon Moïse et autres sondages bredouilles. Par on ne sait quel sombre théorème, le couvert récalcitrant (notamment le spécimen à moka) n’apparaît bien souvent qu’une fois la dernière bulle de mousse évacuée.

Pas question de reporter le dégraissage à une prochaine vaisselle : il faut en prendre son parti. Et y aller d’une nouvelle lichette de liquide, tout exprès pour la tire-au-flanc. Sans parler du rinçage supplémentaire que nécessite l’opération ; c’est du propre.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en laveur civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Tenez une comptabilité en deux colonnes pour l’entrée et la sortie du bac. La moindre petite cuiller manquant à l’appel sera immédiatement repérée.

 

♦  Un détecteur de métaux (modèle amphibie à visée inframousse) formera un remous pour l’inox, deux pour l’argent du service de grand-maman.

poulpe

♦  100% naturel, un poulpe de compagnie rattrapera les fuyardes au vol. Si l’animal est convenablement dressé, il fera en sus des miracles avec quatre éponges.

 

♦  Dans l’emballement du pique-nique dominical, la petite cuiller peut aussi rester dans le fond du ravin. Dans ce cas, quoi qu’il vous en coûte sur le plan sentimental, le mieux est encore de l’y laisser.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Conciliabule

 

Encore une merveille latine que ce concile miniature, généralement en petit comité, à l’écart des zoreilles indiscrètes, en vue de fomenter une quelconque riposte ou tactique. En gros, un moment où les idées fusent entre personnes de confiance et ça c’est quand même drôlement chouette.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Chez les ecclésiastiques, conciliabule désigne à l’origine une « réunion de prélats » pas catholiques. Donc, pas en odeur de sainteté :

Ce n’était pas un concile, c’était un conciliabule.

Les premiers chrétiens, pas fous, se gardèrent concilium pour eux et optèrent (en concile ?) pour qu’un « concile de schismatiques » fût appelé conciliabulum. Voyez le dédain.

Plus tard, les hommes des montagnes sacrées découvrirent une eau si pure qu’ils décidèrent de la mettre en bouteille et qué s’appellerio Quézac mais il se pourrait qu’on s’égare.

 

Un conciliabule, donc, n’est autre qu’une charmante « petite assemblée ». Au milieu de laquelle, une fois enlevés tous oripeaux tels que préfixes, suffixes et autres futilités, on repère le verbe ciere (« mouvoir »), à peine adapté de l’indo-européen kei- que les amateurs de kinématographe connaissent bien.

Il suffisait d’y ajouter con- pour obtenir conciere : « assembler, réunir, soulever une foule ».
Car ainsi que l’avait pigé Brassens :

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre, on est une bande de cons.

Une « réunion » devenant concilium, ne manquait plus que –bulum pour le côté mignon, comme dans vestibule ou tintinnabuler.
Attention, « papier à bulles » n’entre pas dans cette catégorie car il ne constitue en aucun cas une variété de « petit papier », ni même de « papier » à proprement parler. Que la langue est cocasse hein hein.

 

Enfin d’aucuns, jamais à la traîne question fainéantise, y vont de leur conciliabuler, signifiant d’après eux « tenir conciliabule ».
Rions-leur au nez, à ces schismatiques.

Merci de votre attention.