Comment sauver votre stylo fétiche du kidnapping ?

 

La tchatche s’envole, les écrits restent : votre fidèle stylo est le plus court chemin entre votre âme et la postérité. Neuf chances sur dix pour que pendant votre absence, on viole votre papeterie intime. Et à votre retour, c’est le vide que happe votre main au moment de vouloir s’en saisir. Malgré une enquête de voisinage menée tambour battant et le couteau entre les dents, personne n’a rien vu, rien entendu. Tous complices, c’est pas possible.

Aucune explication rationnelle : la malédiction du stylo qu’est pus là a encore frappé.

 

Une fois calmées vos velléités vengeresses, reste à savoir ce qui peut bien traverser le crâne du kleptomane qui, dix fois dans les parages, vous dépossèdera dix fois. Tôt ou tard, celui-ci a la claire conscience d’avoir commis l’irréparable ; que ne vous le rend-il dans un torrent d’excuses ?

Soit ce type de zigs croit que ce qu’il empoigne est à lui et l’embarque sans demander la permission ni son reste. Soit il jalouse votre style. Qu’espère-t-il donc en s’emparant du pinceau de Picasso ? Le mystère demeure.

 

Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en dépouillé civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  Mordillez constamment le bout, à l’ancienne. Vous aurez la langue d’un schtroumpf mais plus personne n’y posera ses sales pattes.

 

♦  Vous rabattre sur un stylo de seconde zone ? Seconde victoire pour le voleur ! Tapez plutôt au clavier, jusqu’aux plus minimes griffonnages. La manip nécessite d’imprimer pour un oui pour un non ? Ce que la planète y perdra, votre orgueil y gagnera.

 

♦  A l’instar des valises de la Brink’s maculant les biftons lorsqu’un braqueur actionne le système, piégez votre stylo pour que toute l’encre éclabousse à la gueule du pickpocket.

 

♦  Puisque vous vous taillez les veines à chaque disparition, n’écrivez plus qu’avec le sang qui en pisse. Au moins, on ne viendra pas vous le piquer (sauf vampires de passage).

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Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Ecornifleur

 

Les voies zimpénétrables de ce qui vous sert de for intérieur vont ont soufflé « écornifleur » au beau milieu de la nuit, et c’est tout juste si cette insistante réminiscence venue du diable vauvert ne vous a pas tiré du lit. Ne serait-ce que pour vous jeter sur le dico pour vérifier.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

De fait, « écornifleur » ne court pas les rues. La dernière fois que vous le croisâtes remonte à un passé indéfini et encore, c’était sans doute un hasard. Qui peut-être ne s’est jamais reproduit. Il vous paraît donc pour le moins étrange que cet improbable vestige d’un argot lointain surgisse à la surface de votre conscience comme une bulle d’un pet subaquatique.

D’autant que, pour épaissir le mystère, affleurent à leur tour d’encore plus ténus « écorniflage » voire « écorniflure ».

Serait-ce la visite d’un « Echo renifleur », site d’info alternatif dont la haute tenue le disputerait à la jovialité, qui éventuellement vous jouerait des tours ?

 

Vous n’y tenez plus. En rade avec le Robert, il vous faut gagner coûte que coûte, au plus vite, les confins de votre vocabulaire. Vous enfourchez donc votre wiktionnaire :

écornifleur /e.kɔʁ.ni.flœʁ/ masculin

(Familier) Celui, celle qui écornifle.

  • C’est un écornifleur de profession.

  • D’ailleurs, il y a des collections qui font de la vente de classiques, non augmentés d’appareils critiques, leurs fonds de commerce (…). De sorte que le lecteur de semblables collections se sent bien souvent « la providence des écornifleurs » pour reprendre les paroles de Brassens. — (Guénolé Boillot, Le domaine public, réflexions., sur blog.sanspapier.com, le 25 janvier 2013)

Sans oublier, pour être tout à fait complet, la variante orthographique en vigueur chez nos amis Québecois :

écornifleux.

 

Tout s’éclaire, nom d’un schtroumpf.

Merci de votre attention.