Là est la question.
Car au moment d’attaquer la tirade, vous réalisez qu’il manque le crâne. Soit un plaisantin vous l’aura chouravé sans demander son reste, soit la mise en scène minimaliste ne prévoyait aucun accessoire.
Dans tous les cas, vous vous retrouvez marron, Gros-Jean comme devant, genuinely emmerded pour les puristes.
Comment le métaphysique apogée peut-il submerger la salle s’il repose sur votre seule interprétation flageolante ?
Tout n’est pas perdu. Vous qui avez brûlé les planches par les deux bouts savez tirer avantage de n’importe quelle situation. Sans qu’on subodore jamais la panique sous le vôtre, de crâne.
Improvisez avec ce qui vous tombe sous la main. Les meilleurs Hamlet ne sont-ils pas mitonnés avec les moyens du bord ?
Ce qu’un public non averti verra comme un pis-aller s’imposera comme un parti pris audacieux.
Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en prince du Danemark civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :
♦ Ni tibia, ni coccyx, ni clavicule pétée n’égaleront la puissance évocatrice des orbites. Sortez du registre anatomique et recréez un néant tout à fait convaincant avec une vapoteuse, le vinyle d’un obscur yé-yé nippon ou la sortie de secours.
♦ Pour symboliser la volatilité de l’existence, brandissez donc le sauc’ qui vous suit depuis les loges.
♦ A propos, tout le premier rang admire goguenard le bout de gras resté coincé sous votre molaire gauche. Profitez-en pour envoyer le monologue dans les dents de votre brosse et de votre tube de Colgate.
♦ Adressez-vous à un spectateur au hasard, de préférence un peu décati pour rappeler le crâne. Ça lui apprendra à rire sous cape de vos gencives.
Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.