Svelte

 

En voilà un qui n’a pas les honneurs qu’il mérite. Doit-on rappeler que svelte est le seul cas de –sv– connu ? Hormis svastika et barmitsva, qui ne se supportent guère, et svklmprh%b, quand minou joue trop près du clavier.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Svelte est si peu banal qu’on ne saurait dire d’où il vient. L’épithète fait d’ailleurs feu de tout bois. De l’édifice « élancé » (sens premier), on est passé à une personne de silhouette comparable :

svelte amazone

et même aux animaux :

sveltes lévriers,

végétaux :

svelte lys,

quand ce ne sont pas des objets :

lampe svelte,

voire une œuvre d’art :

svelte trille.

Quant à sveltesse, on l’associe à ce point à « minceur » qu’un yaourt éponyme clame à qui veut l’entendre 0% de matière grasse.

 

Tardif (1642), svelte doit son existence au rital svelto, formé sur le participe de svellere, du latin evellere, « arracher ». Côté violent qu’on avait perdu à force de minauder.

Ceusses qui ont des lettres supputent déjà qu’une partie du préfixe ex- s’est érodée au contact du v. Reste alors vellere, « tirer », dont le participe fait vulsi, souchon de la convulsion qui résulte de convellere (« arracher le plumage » ou « déboiter un membre » selon le degré de cruauté). Idem pour revellere (« enlever de force »), qui s’est révélé révulser. Sans oublier vulnus (« blessure » → vulnérable) ni vultur (vautour en VO), bien connu pour dépouiller les carcasses.

D’aucuns font descendre le verbe vellere du nom vellus, « toison », venu de l’indo-européen vel-, « poil, herbe, toison », qu’on retrouve aussi bien dans velu que dans la « laine » british wool.

 

Si le chat recommence, arrachez-lui les poils, ça le rendra plus svelte.

Merci de votre attention.

 

« La question noire »

 

Pour commémorer la mort de Martin Luther King, rien de tel qu’un « spécialiste de la question noire ». Il y a de quoi se poser des questions, et des regards noirs qui se perdent. Faisons un rêve : et si on avait mal entendu ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Un gonze interrogé à cette occase jugeait l’expression « le problème noir » trop fétide pour être honnête. Et d’enquiller allègrement sur « la question noire ». Moins problématique, assurément.

 

Sauf que si « question noire » il y a, il faut la régler. Et même lui trouver une « solution » rapidos. Toute ressemblance avec une « question juive » de sinistre mémoire ne serait que pure coïncidence.

En sus, parler de « question noire » suppose une « question blanche », dont on se demande dans quel esprit suprématiste elle pourrait germer.

 

‘Tention, s’agit pas de nier que tout n’est pas rose. Mais en faire une « question » revenant sur le tapis, c’est ramener les Noirs – sous couvert de « neutralité » du vocabulaire – à leur condition de caillou dans la chaussure.

Prenons de la hauteur. « La question raciale » alors ? Etant donné qu’il ne saurait être question de « races », là encore, on s’écharpe pour rien. Le seul vrai ennemi de l’Homme, c’est la khônnerie, qui ne connaît ni couleurs ni frontières. Mais on ne peut quand même pas s’entretuer jusqu’au dernier, ce serait trop khôn.

 

Une fois n’est pas coutume, laissons-nous séduire par un faux-ami : en anglais, question au sens de problème se dit issue. Et si la réponse était dans la « réponse noire » ?

A force d’envisager, même sociologiquement, la coexistence des Noirs, Jaunes, Rouges, Mauves tirant sur le Bleu et Blancs crème comme une « question » à résoudre, point ne faudra-t-il chouiner si les communautés en question se sentent visées.
Alors que les individus qui en font partie, eux, ne demandaient qu’à rester peinards.

Merci de votre attention.

 

Comment non-remplacer un président sur deux ?

 

Soyez honnête : vous coûtez trop cher. Ne pouvant vous virer sur-le-champ, les pouvoirs publics ayant en charge la fonction du même nom se sont donc mis en tête de vous non-remplacer à l’heure de la quille. Alors que votre collègue en foutait encore moins que vous. Dites-vous que ça ne vous concerne plus. A plus ou moins long terme, vous et vos semblables serez éradiqués.

Et le plus tôt sera le mieux.
Rapide calcul : à l’heure actuelle, le pays compte cinq millions et demi de parasites. Il suffirait de non-remplacer tous les départs (2% par an) pour qu’au bout de 50 piges plus personne ne fasse tourner la boutique.

Idée lumineuse ! Pourquoi ne pas l’appliquer à tous les corps de métier ? A commencer par le haut de la pyramide où, entre nous, les frais vont bon train : chauffeurs, gardes du corps, réceptions, essence et kérosènes divers, entretien du palais… le tout sur vos deniers.

Les ors de la République grèvent votre budget ? Réduisez la voilure : exigez le non-remplacement d’un président sortant sur deux.

non-remplacer2Or donc, quelle attitude adopter ?
Réagissez en citoyen civilisé.
Plusieurs options s’offrent à vous :

 

♦  « Elections, piège à khôns » ? Essayez l’anarchie. Si l’expérience n’est pas concluante au bout d’un quinquennat, mettez un intérimaire sur le coup.

 

♦  Le service public fait de plus en plus de place au privé. Une fois le mandat du dernier président échu, lancez un appel d’offres et engagez une boîte privée pour veiller aux intérêts de la nation. Ça ne vous coûtera pas moins cher mais au moins, ça fera jouer la concurrence.

 

♦  Si le législateur laisse tout pisser, c’est qu’il n’est pas motivé. Que lui rapporté-ce personnellement de porter le pays à bout de bras ? Faites du statut de « Français moyen » une condition d’éligibilité. L’ex-smicard de président s’attaquera en priorité au pouvoir d’achat, de même qu’un ex-taulard (ça devrait être moins difficile à trouver) redonnerait de l’air aux prisons.

 

♦  Le jour où il n’y aura plus de fonctionnaires, le président, privé de boucs émissaires, sera bien malheureux. Autant épargner cette peine à ses successeurs.

 

Flegme et dignité, montrez de quel bois vous vous chauffez.

 

Coureurs et coureurs

 

Par égard pour le Tour de France qu’on n’arrivera jamais à détester malgré les pharmacopées qui en font et défont la légende, réglons leur compte si vous le voulez bien aux ceusses qui courent à côté des coureurs. Dans le monde du vélo, voilà au moins du sans-gêne incarné au grand jour. Raison de plus pour le pulvériser une fois pour toutes.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Ces khônnards méritent-ils de vivre ? Je ne crois pas.

Signes caractéristiques :

  • invisibles dans la plaine, ne surgissent qu’à la première étape de montagne. Sans doute la raréfaction de l’oxygène a-t-elle raison des derniers neurones en activité ;
  • souvent détenteurs d’une banderole ou d’un fanion de leur cru, qu’ils ne manquent pas de faire flotter au vent comme si leur vie en dépendait ;
  • toujours torse nu, quand ce n’est pas les parties à l’air. Ce qui n’empêche pas – grande nouveauté – les déguisements. « J’ai montré mon cul et tout le monde m’a vu. Mais personne m’a reconnu, j’avais un masque ». Sur leur lit de mort, qui leur enviera cette ultime fierté ?

Détail troublant : cette année, la khônnardise semble toucher des nanas du sexe féminin et même des mômes.
Il est plus que temps d’agir.
Surtout que le khônnard n’est passible d’aucune sanction ! Tout juste une circulaire interministérielle égrène-t-elle ses placides consignes :

Ne courez pas à côté des coureurs. Pour leur sécurité, n’allez pas au devant d’eux, même pour les encourager.
N’aspergez pas les coureurs.
N’agitez pas de banderoles au-dessus des coureurs.

Pondeurs de textes, mégoter de la sorte restera sans effet, je le crains. Puisqu’il n’y a aucun moyen de faire entendre raison au khônnard, et vu la molle indignation des commentateurs de l’épreuve, l’éradication pure et simple s’impose.

 

Ci-après quelques suggestions en ce sens, immédiatement applicables (toute piste sera la bienvenue) :

  • Avec la complicité des ponts et chaussées, provoquer la fonte instantanée du goudron juste sous les semelles khônnardes ;
  • Prévoir un énorme crochet comme au théâtre, qui viendrait de l’arrière faucher le khônnard au démarrage ;
  • Même méthode avec une méduse géante dressée, nourrie exclusivement au khônnard ;
  • Equiper de flash-balls les motards de France Télévisions, les inciter à tirer à vue. Perfectionner l’arme avec un viseur afin d’épargner à coup sûr cyclistes et autres spectateurs.
  • Canarder depuis l’hélicoptère (trop dangereux).
  • Et puisque c’est la promesse d’être vu à la télé qui le fait courir, flouter le visage du khônnard. Avec notre merveilleuse technologie, me dites pas que c’est pas faisable en direct ça, allo, Cognacq-Jay ?

Mais l’objectif ne sera pas atteint sans l’aide de tous.
Je compte donc sur la contribution de chaque acteur du Grand Soir sur la Grande Boucle.

  • Les spectateurs du Tour eux-mêmes, premières victimes des khônnards dont la foulée leur cache les coureurs. Jamais un croche-patte ? Jamais de ceinturage à plusieurs, façon rugby ? Asseyez-vous sur votre éducation, pour une fois. L’anonymat de la foule vous mettrait à l’abri de toutes représailles, pensez-y !
  • Les directeurs sportifs. Khônnards au milieu de la route ? Mais roulez-leur sur les arpions, qu’est-ce qui vous retient au juste ?
  • Quant à vous qui pédalez, l’effort rend évidemment malcommode toute rebuffade. Mais vous êtes aux premières loges, considérez-le comme une chance ! Regard noir. Ecart obligeant à s’empaler dans les gens. Ramponneau. Gourde en pleine gueule. Tout véhément qu’il soit, le khônnard ne vous encourage en aucune manière. Vu son attitude, il n’est probablement jamais monté sur un vélo. Alors un bon geste, pour le bien de tous, n’attendez pas le sommet du col pour lui faire bouffer sa banderole.

Merci de votre attention.