C’est un fait admis : quiconque apprend à lire commence par déchiffrer. Alors qu’il ne se dépatouille qu’avec des lettres. Aberrant, 1 ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Pour le gusse en question, l’alphabet serait donc une combinaison chiffrée qu’il faudrait déchiffrer ? Y aller lettre à lettre = « délettrer », ce n’est point faire injure aux illettrés (deux t deux l). Encore un motif de guéguerre entre matheux et littéraires, tiens.
« Décoder », à la rigueur ; les phonèmes ont bien besoin de graphèmes pour les coder sur papier. Pourquoi cette suprématie des chiffres ?
Parce qu’alors, rien n’interdit si ça vous chante de « dépiauter » voire d’« éplucher » un texte. Sachant qu’on « épluche » déjà des comptes, ce ne sont pas trois phrases mises bout à bout qui résisteraient à l’économe. Remarquez qu’on en vient de plus en plus à « détricoter » un projet de loi. En le vidant de sa substance, on constate néanmoins qu’il n’est pas plus fait de mailles que de chiffres.
Sur le même mode, tout est bon à « décrypter », surtout si ça n’a aucun sens caché (kryptos pour les Grecs). Laissez, ça rend le truc intéressant.
D’ailleurs, une fois à court de « décryptage », on peut toujours « décortiquer », sans s’en foutre plein les doigts.
Et que dire des musicos qui « déchiffrent » leur partition ? Laissez-nous rire. Voilà qui dénote un manque patent de jugeote : suffit de se laisser guider par ses esgourdes.
Qui dit « déchiffrer » dit syllabe par syllabe. Lire sans comprendre, en gros. L’énigme s’épaissit d’autant plus que la « déchiffrer » au contraire, c’est la comprendre. Comprenez quelque chose, vous ?
Tout ça pour en arriver à « déchiffrer des lettres ». Nom d’un bertrandrenard empaillé, si c’est pas malheureux.
Merci de votre attention.