Vos paupières sont lourdes… Le talk du soir, ce dernier salon où l’on causebeaucouppourdirequetchi, s’éternise. C’est peut-être moins ce rien qui fatigue que la vision de vos semblables assis à l’arrière-plan, invariablement plongés dans un bleu nuit hagard.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Rouvrez bien les mirettes : passé une certaine heure, un rideau d’ombre bleue s’abat sur le public. Lors de quel grand sabbat a-t-on équipé d’œillères unicolores le moindre technicos du PAF ?
Façon chappe :
… ça peut se justifier.
Mais depuis les tablées nocturnes du hardi çon,
tous les ceusses du fond sont condamnés à se transformer en schtroumpfs :
Parole, le hiatus est si net avec la pleine lumière du plateau qu’on jurerait qu’ils les peignent, les gens.
Evidemment, l’animateur et ses pipelettes doivent se détacher à l’écran, afin de tuer dans l’œuf toute inattention de notre part. Légitime, la pénombre. Mais pourquoi bleue, re-bleue et re-re-bleue, sacrebleu ?
On exagère, y’a des relavasses étudiées pour défier toute concurrence :
Déjà peu éclairé, l’auditoire bleuit-il en signe d’inutilité totale ? Détrompez-vous. Il fait partie intégrante du pestacle.
On connaît ces jeux du cirque avec applaudissements 100 % spontanés ou huées du même tonneau, selon l’humeur du chauffeur de salle dont le joli métier consiste à intimer l’ordre d’être d’accord avec le dernier qu’a parlé. Vous avez dit « peu éclairé » ?
D’ailleurs, observez le premier rang trié sur le volet (surtout chez le Thierry susmentionné). Recyclage machiavélique du punctum de Roland Barthes, alias le « détail qui tue » qui nous retient de zapper en attirant l’œil sur un décolleté visage…
Comme par hasard, quand le niveau monte d’un cran (dès qu’on distingue les genoux des invités, méditez là-dessus), exit l’anonymat bleuté :
Et vive la télé qui ne nous prend pas pour des bleus.
Merci de votre attention.