Pointez-vous dans n’importe quelle bourgade du globe, vous constaterez – non sans un certain effarement – que le papier peint n’orne jamais les murs extérieurs. Maisons, appartements, mobil homes, guérites, niches, tous logés à la même enseigne.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
C’est ainsi, l’homme de la rue n’est pas autorisé à voir vos lés, aussi beaux soient-ils. A moins d’y avoir été cordialement invité ou de lorgner par la fenêtre comme un forcené, il devra se contenter de la peinture par défaut de la façade. Vous et votre entourage êtes les seuls à profiter pleinement de la tapisserie. C’est dire l’égoïsme.
Car si vous faites le compte, l’écrasante majorité de la population n’a de votre doux foyer qu’une image tronquée et impersonnelle (même si vous misez tout sur la boîte aux lettres ou la teinte de vos volets). Vous vous échinez donc à coller cette saloperie en pure perte.
Et sauf perron à colonnes, le mauvais goût ne sautera pas aux yeux du quidam. Sans papier peint en étendard, comment saura-t-il à coup sûr quel seuil éviter ?
Les gros blaireaux férus de tuning jettent-ils leur dévolu sur les parois de leur habitacle ? Point, point : ce sont les piétons alentour qu’il s’agit d’éberluer.
Idem pour les discothécaires du week-end, faute de quoi les voilà condamnés à faire tapisserie toute la nuit.
Quant à cette soi-disant impossibilité due aux intempéries, la spécialiste Huguette Néné, auteur d’un récent ouvrage sur le sujet *, indique qu’en milieu tempéré, les riverains se gondolent plus vite que le papier peint placé à l’extérieur.
Rappelons enfin que tapisser consiste littéralement à disposer des tapis à la verticale. L’incongruité à son faîte.
Si ça se pratique dedans, pourquoi pas dehors, au lieu du crépi ou des briques ?
Merci de votre attention.
*Huguette Néné, Un ouvrage sur le sujet, APUF 2016.