A part soi

 

Vous qui bouquinez (même si le verbe ne rime à rien, pas plus que « livrer », énigme dont la clé n’est livrée dans aucun bouquin du reste) savourez ces moments où le personnage cause à part lui. « Dans sa barbe », dirait-on plus couramment. Y compris pour les filles du sexe féminin et les glabres voui voui. Ce qui au passage taille une réputation de taiseux à ceux qui la portent – justifiée en ce qui concerne les femmes à barbe, par nature renfrognées.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Drôle de locution, n’est-il pas ? « A part soi », c’est parler pour soi. C’est pourquoi, on ne vous la fait pas,

se dit-il, à part lui

n’est qu’un pléonasme apprivoisé.

Parler « à part soi », c’est se parler entre quat’z’yeux, comme en aparté tiens, du rital « a parte ». Les schizos apprécieront.

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C’est qu’« à part soi » se lit aussi « mis à part soi » :

Tout le monde est venu, à part lui.

Or, en monologuant tout haut, c’est l’inverse qui se produit : nous excluons autrui du lot.

D’où polysémie bien juteuse :

Tout le monde est venu, à part lui, observa-t-il, à part lui.

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D’ailleurs, ne gêné-ce pas le narrateur aux entournures de rapporter des propos tenus « à part soi » ? Si le héros commente pour lui-même, quel intérêt de mettre la terre entière au parfum ?

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Rappelons qu’un aparté consiste au théâtre à se mettre délibérément à part pour mieux s’adresser au public (et se le mettre dans la poche pour le restant de la pièce).
Rapporté à l’expression du jour, on est en plein contresens domestiqué.

Merci de votre attention.

A part ça, vous, ça va ?