Accoutrement

 

Visez accoutrement et osez dire qu’accoutrer ne bat pas à plate couture ses coreligionnaires attifer, saper et fagoter. As de pique aussi, parce qu’il n’a pas de verbe à son nom.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Il suffit d’accouter comment les Anglo-amerloques savourent encore leurs accoutrements et utilisent tel quel le verbe to accoutre (ou accouter, selon la berge).

Sens vieilli :

(se) vêtir avec une élégance recherchée,

plus couramment

(se) vêtir de façon comique, bizarre, à la manière d’un étranger,

autant dire

se déguiser

ou au contraire

(se) vêtir de façon misérable,

tout lui va.

Le pronom réfléchi a tendance à se planquer, car on n’imagine pas l’accoutré en train de s’accoutrer de son plein gré.

Par ailleurs, en Touraine, « accoutrer la lessive » revient à ranger le linge et s’accoutrer se lier avec quelqu’un.

 

L’élasticité d’accoutrement ne date pas d’avant-hier.

XIIIe siècle : « mettre en place, disposer » ; 1509 : « orner, décorer » ou avec le pronom « se vêtir, se parer » ; 1525 : « préparer » en parlant de bouffe ou de terre cultivable ; 1549 : « maltraiter, dire du mal de qqn ».

 

On le doit sans un pli au latin populaire accosturare, anciennement ad-cons(u)turare, « raccommoder ». Les points de suture sont plus visibles dans l’ancien verbe racousturer, qui dit bien ce qu’il veut dire.

D’autres penseront plutôt au vigneron et à son coutre, grand-papa de notre couteau, qui aurait comme qui dirait servi à « préparer », ouvrant la voie à « parer, vêtir ». Pour le moins tarabiscoté.

Pour couper court, il suffit de regarder comment coudre est cousu hein.

Merci de votre attention.