Avoir recours aux travailleuses du sexe pour les accorder en genre et en nombre avec un substantif est une putain d’habitude dont on n’est pas près de se défaire. Y compris dans les lupanars.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Que putain serve à appuyer n’importe quel propos, passe encore. La morale aurait été sauve avec mâtin, mazette ou saprétonnerre mais à raison de 12 513 fois par jour (fourchette basse), disons qu’on a pris le pli.
De là à compoter en locution pour exprimer son admiration, son agacement ou Dieu sait quel fugace ragnagna, il y a de la marge.
Tiendront jamais, ces putains de vis.
Que viennent faire les péripatéticiennes là-dedans ? On se le demande. Du bricolage, cette expression.
Les vieilles peaux geindront que ah la la, de leur temps, on n’était pas si mal élevé. Certes mais on employait des procédés similaires, et pas moins absurdes. Pourquoi désigner la moindre chose sortant de l’ordinaire par sacré ou, à l’inverse, satané ?
Comble du blasphème, certains n’hésitent pas à invoquer le « nom de Dieu », devenu (pour éviter le bûcher) bou diou, vindieu ou, ton sur ton, sacrebleu.
Chez les voisins, idem. Quoi qu’il s’en défendent, les sujets de la Reine n’ont que fuck à la bouche.
A fucking genius
est-il plus pertinent qu’un
putain de génie,
surtout si l’on considère sa traduction littérale ? Et sur nos côtes, que se passerait-il si on le prenait au pied de la lettre ?
De même, il suffit de se représenter
holy shit
mentalement pour commencer à rougir de honte.
Le trajet des mots est parfois aussi erratique que celui du client en chasse.
Merci de votre attention.