De même qu’y’a toujours un gratteux, il se trouve invariablement un journaleux pour qualifier de « barde » un chanteur muni d’une guitare et trouver cet anachronisme du dernier chic.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Un synonyme de Cabrel ? Fin du fin : « le barde d’Astaffort ». Le scribe du dimanche au moins, c’est pas l’originalité qui l’étouffe. Le chanteur viendrait des Causses qu’il se serait fait introniser « barde des hauts plateaux », pouvez être sûr.
Et pourquoi pas ménestrel, pour changer ? Ou aède, ou troubadour ?
C’étions pas les vieux vocables qui manquent pour épicer la sauce. Et accessoirement, flatter la culture générale du lecteur.
Sur cette lancée, pourquoi ne pas s’attaquer aux autres corps de métier (qui nous ont rien fait non plus mais faut bien jeter son dévolu sur quelque chose) ?
Restaurateur = tavernier.
Chauffeur = cocher.
Pape = souverain pontife. Ah on peut déconner comme ça encore longtemps.
Pourquoi « le barde » a-t-il plus qu’un autre les honneurs du radotage papier de la presse ?
Mais, par Toutatis, à cause d’Astérix. Le regain de popularité du terme naît sans aucun doute au milieu du village gaulois. Dont le barde, faut-il le rappeler, est Assurancetourix ; antimodèle de barde s’il en est.
Or, quand un plumitif bombarde barde un interprète quelconque, l’expression se veut flatteuse, c’est ça qu’est fou.
Faut-il que cette figure solitaire et légèrement mystérieuse nous fascine pour qu’on la convoque à tout bout de chant ! D’ailleurs pendant ce temps-là, le « chanteur » fait grise mine.
Comment l’appellera-t-on, çiloui-là, au XLIe siècle ?
Merci de votre attention.