Suite à un éboulis ou une tuerie quelconque, les médias font le bilan de ceux qui y ont laissé la vie. Et qui, heureusement, ont « trouvé la mort ».
Mais revenons à nos moutons, moutons.
Décidément, on n’est pas à l’aise avec la Grande Faucheuse. Dès qu’elle s’invite quelque part, celle-ci, les paraphrases vont bon train :
la Grande Faucheuse,
x n’est plus,
on apprend la disparition de x,
Dieu a rappelé x à ses côtés…
Plutôt mourir que de la regarder en face.
Le lexique familier n’est pas en reste :
y rester, clamser, casser sa pipe, passer l’arme à gauche…
Pour « trouver la mort », c’est plus subtil : elle s’affiche en toutes lettres et vous frappe de plein fouet. Ce qui est la pire des morts, puisqu’elle survient dans des circonstances sinon tragiques, du moins suspectes.
Or trouver, c’est plutôt une bonne nouvelle, d’habitude. Trouver une pièce par terre, trouver la solution, trouver à qui parler.
En côtoyant la fin des haricots, le verbe est censé l’attendrir. Mais « trouver la mort » ne soulage personne. Sauf les journaleux, ça leur évite d’appeler un chat un chat.
Dans un registre nettement plus gai, on ne peut s’empêcher de « tomber amoureux » ou de « tomber enceinte ». Là encore, sans crier gare.
Or tomber, c’est plutôt une mauvaise nouvelle, d’habitude. Tomber sur un os, tomber malade, tomber sur plus fort que soi.
Associé à des événements heureux, le verbe est censé nous mettre en garde sur leur côté éphémère (afin qu’on ne tombe pas de haut). Ça ne dissuade personne. Quant aux journaleux, ils continuent à tomber raide dingue de ces tournures.
Attention, stricto sensu, les victimes du hors-piste ne peuvent « trouver la mort », vu qu’elles l’ont bien cherchée.
Merci de votre attention.