W comme WC

 

Par grand vent, il nous arrive de prononcer nos W « V ». WC et BMW en sont un témoignage. Déclinez l’immatriculation de cette dernière dans le même goût et vous aurez Interpol au Q.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Certes, dire « double v », c’est du boulot en plus. M’enfin quoi, s’il est double, respectons-le. Rien n’est interchangeable. BMW ou Wolksvagen, c’est quand même pas pareil.

 

L’explication vient probablement du caractère étranger des initiales. WC : water-closet, BMW : Bayerische Motoren Werke. Soit « pièce d’eau fermée » et « usines bavaroises de moteurs ». Mais vous avez raison, à tout prendre, mieux vaut BMW.

Sauf que l’anglais dit deubeuliou, aussi distinct d’un you que nos w de nos v. Il est donc équipé d’un « double u-c », bien qu’il préfère aller to the toilet pour plus de commodité.
Les Allemands, eux, prononcent leurs w « v ». Et leurs v « faau ». Voyez comme ils sont retors. On a donc importé le nom de leur caisse tel quel. Rares sont nos compatriotes frimant en « bmdouble v », de même qu’on n’entonne pas YMCA « i grecmca », ne serait-ce que pour une histoire de scansion.

En VO, les WC auraient donc dû donner, une fois raccordés à notre tout-à-l’égout, « deubeuliou-ci ».
Mais non. On y a mis du chleu, avec ce W qui rime avec son C. A moins que le nom de ces chiottes de BM ne nous ait influencé. Ce que c’est que l’amitié franco-allemande.

 

Se le permet-on avec d’autres lettres ? Par exemple, si y = i, il est à la fois grec et nature. Vous imaginez le yaourt.

Et si 4 = 10 ?
Notez qu’au scrabble anglais, V et W valent le même nombre de points. Dans le jeu français, votre W lettre compte triple ne vous garantirait même pas le V de la victoire. Chez les Allemands par contre, V vaut deux W. Voyez comme ils sont retors.

 

On veut vraiment nous faire prendre des WC pour des lanternes.

Merci de votre attention.

 

« Coûter bonbon »

 

Apprenant que ça va vous « coûter bonbon », votre entourage prend un air aussi navré qu’entendu. Et vous plaint dans la même veine : « ah oui, ça, ça coûte une blinde ; je te l’avais dit, que ça allait te coûter un bras ; la vache mais ça coûte la peau du [censuré] ».
Or, quelle sorte de bonbon de luxe peut bien « coûter bonbon » ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Du plus loin qu’il vous en souvienne, aucun bonbon ne vous a jamais ruiné autre chose que les prémolaires.
Nounours en gelée, sucettes, berlingots, caramels mous, réglisse, têtes de nègres pour les plus téméraires, on a beau faire le tour des beums passés et présents, ceux-ci ne coûtent que pouic, surtout à l’unité. Faites mine d’embarquer toute la bonbonnière alors là oui, votre maigre argent de poche n’y suffirait pas. Mais on ne dit pas « coûter bonbonnière ».

 

Au seul mot de bonbon, la cantonade ouvre donc des yeux aussi gros que la dépense. Encore une expression idiomatique à laquelle on souscrit sans réfléchir.

Avec bagatelle au moins, l’antiphrase saute aux yeux :

ça lui a coûté la bagatelle de…

étant entendu qu’une bagatelle ne vaut, elle aussi, que pouic.

 

D’ailleurs, pourquoi met-on autant en valeur la chose qui coûte ? C’est comme si on disait d’une voiture qu’elle « coûte voiture » : on n’est pas plus avancé.

D’où l’intérêt de blinde, par exemple. Idem pour « attendre des plombes ». On ne se représente pas plus une plombe qu’une blinde. Pourtant, tout le monde sait ce que ça veut dire.

 

A moins que l’absence d’article ne place ce bonbon-là dans la catégorie adverbes :

ça va vous coûter cher.

Bonbon, ce serait un peu comme tintin alors. Ou dare-dare ou kif-kif ou toute autre syllabe redoublée pour le seul plaisir de l’avoir en bouche.
Pour la voiture, dites simplement teuf-teuf.

Merci de votre attention.