« Je vous serais gré » ou « je vous saurais gré » ? Vous ne serez jamais sûr ? Vous ne saurez jamais lequel est le bon ? Votre calvaire finira dans deux lignes et vous vous liquéfierez de gratitude.
Mais revenons à nos moutons, moutons.
La gratitude, voilà la clé. Souvenez-vous qu’un merci est toujours gratuit et même gratifiant ; point n’est-ce pour des clopinettes.
Ne tournons pas autour du pot : le papy caché de gratitude n’est autre que gré, qu’on croise au gré d’autres locutions. Ne les citons pas contre votre gré.
Et le papy de gré ? Le latin gratus, « agréable, bienvenu, accepté avec reconnaissance » et autres débauches d’effusions.
Ce qui fait que tac, gré vaut « reconnaissance » depuis le XIe siècle. Accessoirement, on le retrouve blotti dans agréable, agrément et agréer. Z’aurez beau maugréer, c’est comme ça. Même les Anglo-saxons agree.
Ce qui fait que tac², on ne peut pas « être gré », qui serait l’infinitif de « je vous serais gré ». Etre + nom, c’est non : adjectif ou rien. Il est vrai que les exceptions « être colère » ou « être fort aise » ne facilitent pas la démonstration. Même les Anglo-saxons y vont de leur « I’d be grateful ». Ce qui revient à « être plein de reconnaissance » et non « reconnaissance ».
Pour que la rigolade soit complète, faites suivre de n’importe quel nom exprimant un sentiment :
je vous serais gratitude, variateur, céleri rémoulade…
Sachons gré à « savoir gré » d’être plus rationnel. « Savoir gré » à quelqu’un, c’est savoir ce que vous lui devez. Ou lui rendre grâce, pour rester dans la famille.
Un petit coup de Verlaine là-dessus ?
J’aime beaucoup Balzac, et je sais tous les grés du monde à M. Barbey d’Aurevilly de l’excellent chapitre qu’il a consacré à ce maître.
Gracias por su atención.