Kleenex collector

 

C’est bien ce qui vous semblait : ils ont quelque chose de différent. Couleurs printanières, motifs plus chatoyants que d’habitude. C’est à cause de la mention :

Edition limitée.

Sur des mouchoirs. Aurait-on franchi un cap ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Faut-il que le marché du Kleenex ressemble à une morne plaine pour se fendre de trompe-l’œil de ce genre.
Certes, la mission du pubeux moyen consiste à créer un vocabulaire (« marque leader ») et des besoins factices, pour le moins. Mais ici, quelle mouche l’a piqué ? Y avait-il nécessité impérieuse de lancer une « série » de paquets, appelée à disparaître rapidos si l’on en croit l’intitulé ? Vous iriez vous ruer dessus, sous prétexte d’« édition limitée » ? Encore moins maintenant que l’hiver est passé et le pic de consommation avec lui, allons allons, tsk tsk.

 

Evidemment, malgré ces temporaires apprêts, ce sont bien vos bons vieux mouchoirs. D’ailleurs, vous en êtes content, au point de ne jamais leur faire d’infidélités. Sauf rupture de stock, synonyme de dépit à l’idée de devoir confier jusqu’à une date ultérieure vos épanchements à des mouchoirs de merde, moins agréables au toucher, à l’odeur et, pour tout dire, sujets à déchirures voire piteuses trouées.

 

Résumons-nous : le « collector » qu’on essaye pour le coup de vous fourguer n’a rien à voir avec une « édition limitée ». On est même aux antipodes de l’émotion pouvant étreindre le philatéliste à la vue de nouveaux timbres sur le thème des légumes ou l’automobiliste au volant d’un modèle dont la production s’arrêterait quasiment après lui. Limité prend alors tout son sens.
Mais là, vos mouchoirs, vous les jetez, à l’instar de leur emballage qui plus est ; contenant et contenu sont conçus pour ça.

 

« What the fuck ? », voilà comment nos pubeux se feraient moucher par un anglophone malpoli (ce qui n’est pas incompatible).

Merci de votre attention.