Je soussigné

 

Formule figée qu’on utilise un peu à tort et à travers, à l’instar de « lu et approuvé », « bon pour pouvoir », « je t’aime pour la vie »…

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Je, tout le monde sait qui c’est. Il se trouve pourtant des rimbaldiens pour clamer : « je est un autre »*. Comme « on est un khôn », il nous reste le nous de majesté. Au moins, nous, c’est nous.

Soussigné donne plus de fil à retordre.

Est-il, oui ou crotte, invariable ?
En principe non, puisque le blase de celui qui signe (ou qui soussigne) vient après la virgule qui suit soussigné :

Je soussignée, Roberta (…)

si de s’appeler Roberta l’intéressée a l’insigne honneur. Notez qu’au féminin, je, lui, ne s’encombre pas d’un e supplémentaire. Ce qui n’empêche pas de le prononcer je quoi qu’il arrive, car « j’soussigné » ferait mauvais genre.

« Nous soussignés » existe aussi, à condition d’être à plusieurs dont un mâle. Ou tout seul si on est roi. Ou reine mais dans ce cas, on écrira « nous soussignées », dans l’absolu.

 

« Je soussigné » équivaut donc à « moi dont la signature est ci-dessous ». Au passage, voilà pourquoi on ne soussigne qu’à la première personne. Comment tu ou vous pourraient-ils soussigner, sinon sous la contrainte ?

Rappelons que depuis l’an de grâce 1274, soubsigner, c’est « engager sa parole par sa signature apposée au bas d’un acte », intégralement pompé sur le latin subsignare. Participe devenu adjectif, soubsigné remplit son rôle dès 1507 dans tous les documents zofficiels.

A tout prendre, n’aurait-il pas mieux valu « je soussignant », linguistes ?

 

Sub-, pour sa part, est le fruit de la contraction indo-européenne ex-upo-, « d’en bas ». Upo- mit bas le grec hypo-, « sous » (hypoglycémie) ainsi que l’anglais up, « vers le haut » (feront jamais rien comme tout le monde).

Quant à signe, on le « suit » maintenant depuis assez longtemps pour ne plus s’en occuper.

Subséquemment, merci de votre attention.

 

* ou des farmériens pour fredonner : « je, je suis libertine » ou : « je suis un garçon » selon l’humeur.

Vous diriez même plus :