« Être en panique »

 

La nature est en joie la nature est en fête. Profitons des beaux jours pour, brindille aux commissures, nous pencher sur la locution « être en » suivie de l’état d’esprit du moment. Si ce curieux usage tend à se répandre, yé mé souis laissé dire qu’on le devait aux psys de plateau dont on a coutume d’ouïr le volapük.

On l’a vu dans le reportage, X est en panique dès que…

Et pourquoi pas « en stress » ou « en fatigue » ? Oh mais faut pas se faire d’illusions, ça nous pend au blair.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

‘Tention, l’objet du délit n’a rien à voir avec des expressions construites à l’identique comme « être en retard », « être en rogne » ou « être en colère ». Et pourquoi, glapit le khônnaud ?
Reprenons.
Vous vous dites « en panique » ; vous seriez simplement paniqué(e) qu’on pigerait tout autant. Alors qu’« être en retard » ne fera jamais de vous quelqu’un de retardé, sauf vacherie assassine. Et sur douze hommes en colère, combien obtiendrez-vous de colériques ? Même franchement en rogne, ils pourraient vous agonir de scrogneugneu sans paraître aucunement rognés ni « rogneux ».

Autrement dit, quand l’adjectif pousse tout seul sur le nom (panique → paniqué), « être en… » est en short apparaît dans toute sa vanité. En revanche, une colère ponctuelle rendra notre aréopage non pas colérique (trait de caractère trop habituel) mais bien en colère ou courroucé, furax, énervé – au choix.

A propos, une station pour djeûn’s débitait l’autre jour, parmi une kyrielle d’autres, l’immondice suivante :

JE SUIS EN MODE VÉNER, NOUS DIT Y.

(A basses et volume normaux : « Je suis en mode véner, nous dit Y ».)

L’auditeur entendait sans doute par là qu’il était énervé.
Passons sur la préciosité du verlan. Curieusement, ce « mode » met l’humeur qui suit à distance, comme si elle n’était pas totalement assumée ! Comme un jeu ou quoi ?

Il y a fort à parier que l’expression « être en mode… », propagée par les rézosocios, a déteint sur « être en… ». Aussi sûr que mes amis sont 12 513.
Djeûn’s, considère l’expression « être en mode panique » et ose me dire que le ridicule ne t’empourpre pas les tempes.

 

Quant à la tournure qui nous occupe, quoique grammaticalement et sémantiquement acceptable, elle laisse un arrière-goût d’effet de manche à la limite du potable.
On s’en remettra. On n’est pas en sucre.

Merci de votre attention.

 

2 réflexions sur “« Être en panique »

  1. Disons que l’usage d’une telle expression dénote tout de suite l’inculte décérébré, le gars (ou la fille) de banlieue difficile amateur de téléréalité, qui invente une expression à connotation populaire et familière, alors qu’il en existe déjà qui sont disponibles dans la langue française (telles que : « je panique » ou « je suis paniquée »), de sorte que rien ne vient justifier une telle déformation du sens et une invention inopportune et très connotée. L’avenir dira si elle finira par entrer dans la catégorie des expressions fautives, mais dont beaucoup croient malheureusement qu’elles sont correctes (telles que « malpoli »), ou si elle tombera dans l’oubli des expressions argotiques ou familières passées de mode…

  2. Comme vous y allez, très cher ! J’avais l’impression pour ma part que l’expression était née dans la bouche des « psys de plateau » avant de se propager dans la population, ceux-ci touchant par définition un large public…

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