Tiramisù

 

Vous qui êtes au fait des choses de la chère, subissez depuis quelque temps déjà la mise à toutes les sauces du tiramisù. On vous somme de croire qu’il pourrait être à l’orange, aux fruits rouges, aux speculoos, sans mascarpone et pourquoi pas en robe des champs ou à la coque, hein ? hein ?
N’y voyez pas la résurgence d’un atavisme personnel mais il me semble qu’on s’acharne sur la huitième merveille du monde.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

‘Tention, tout ce qui précède est sûrement bel et bon. Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que les couches successives du tiramisù aient épousé la mode des verrines, bigarrées par définition. Seulement, soit ne manque aucun ingrédient (mascarpone, zœufs, sucre glace, amaretto, boudoirs, café à déquiller un onagre, cacao en poudre) et c’est notre homme, soit c’est de l’usurpation. Or, avec la désinvolture du fait accompli, des mitrons à la petite semaine s’arrogent purement et simplement le droit d’appeler tiramisù n’importe quel dessert aux sédiments crémeux, biscuités voire fruités. On a dressé des bûchers pour moins que ça.

Et dire qu’à défaut du spiritueux de ses ancêtres, votre serviteur s’autorisait le rhum pour seule entorse !

Bon à savoir : boulottez sans vergogne le nom du voisin (et quel nom ! littéralement « tire-moi en haut », je vous ferais dire). L’indifférenciation vous garantira l’impunité, pour un résultat dont l’absurdité n’aura d’équivalent que celle d’un Astérix post-Goscinny.

touchepas

Meuh allons-y gaiement : si tout se vaut, rien n’empêche de violer la charlotte aux fraises avec des petits beurres (sic) ou de baptiser tartiflette vos courgettes au chèvre (on n’en est pas loin).

Un peu fort de café ? Vous hausseriez moins les épaules si vous aviez déjà croisé une barquette d’« Ananamisu » au rayon frais – horreur mort-née, heureusement.

 

Quand le ridicule le dispute à ce point à l’imposture, faites taire le scandale avec un tiramisù maison dont vous avez le secret. S’ils ne se confondent pas tous en mamma mia, je veux bien rendre mon tablier.

Grazie per la vostra attenzione.

 

Une réflexion sur “Tiramisù

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