Incommensurable

 

Trouvez-vous pas étrange que commensurable soit pour ainsi dire inusité, alors qu’incommensurable est la star de son quartier ?

Mais revenons à nos moutons, moutons.

Qu’on ne peut mesurer,

voilà le sens courant d’incommensurable. Le respect mêlé de crainte qu’il inspire explique sa popularité.

Quant à son sens premier, on commensurablyvoirplusclair chez les matheux, pour qui la bête désigne dès 1370 des grandeurs

qui n’ont pas de commune mesure, dont le rapport ne peut être exprimé par un nombre entier ou fractionnaire.

ϖ, pour parler franco.
Pis, par extension, le « très grand », l’« infini » quatre siècles plus tard.

 

S’il est question de mesure dans incommensurable, notez qu’on a pris des mesures en y ajoutant un n, comme dans dimensions ou mensurations. Que ceux qui confondent avec menstruations soient pardonnés : c’est quasiment kif-kif. Mensis étant l’ancêtre latin du mois, on lui doit aussi bien mensuel que menstruel. Autre affluent connu : ragnagna, ragnagnae, ragnagnam.

 

Incommensurabilis se démonte sans l’aide de notice particulière : in- (l’inverse), com- (avec), mensura (mesure), -bilis pour stabiliser le tout.

On l’aurait parié, mensura est la digne héritière de mensus, participe du verbe metior, « mesurer », qui sert d’étalon pour notre mètre. Et par conséquent, pour nos règles.

 

Si donc – au contraire d’incommensurable – un mètre est parfaitement mesurable, il n’y a rien là d’incommensurablement original.

Merci de votre attention.

 

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