Cash

 

Comment qu’tu fais ? Tu vas au bahut cash ou… ?

Derrière cet usage abusif, un blog sérieux aurait souligné l’implacable victoire du capitalisme, le joug de l’argent-roi, la mainmise du pognon sur nos vies de Lumpenprolétaires. Alors qu’en fin de compte, les chérubins se rendront directement au lycée, histoire de se réconcilier dare-dare avec leur langue dans un cadre laïque, républicain et gratuit.

Mais revenons à nos moutons, moutons.

D’adverbe :

il a payé cash,

la bête est montée en grade jusqu’au substantif :

avoir du cash.

Dans un accès d’autoflagellation bien français, on pourrait penser que nous avons bêtement copié les Anglo-saxons, pour qui le biznèce est une seconde nature. Car outre-Manche (sans parler d’outre-Atlantique), cash désigne à la fois le petit coffre et la menue monnaie qui s’y planque depuis la toute fin XVIe. Dans un accès d’autocélébration bien français, on finira pas se souvenir que nous avons tout simplement remis la main sur la caisse qu’ils nous avaient dérobée, les perfides.

Payer cash, c’est donc s’acquitter d’une somme qu’on peut encaisser de suite. D’où, au sens figuré, une immédiateté mêlée de franchise :

Y m’a dit ça cash, t’chois…

Comme si payer comptant était devenu l’exception. De fait, pourquoi se le cacher ? Nous sommes fauchés comme les blés.

 

D’ailleurs l’émission Cash investigation proposée par Elise Lucet sur la 2e chaîne doit-elle son nom au « monde merveilleux des affaires » qu’elle dénonce ou à l’audace de sa présentatrice ?

C’est pas comme ça que « rubis sur l’ongle » reprendra des couleurs.

Merci de votre attention.