Hyperboles comme une seconde peau, pléonasmes en furie, anglicismes génétiquement modifiés : on ne fait plus confiance aux mots pour dire ce qu’on a à dire. Aux signes de ponctuation non plus. Leur surconsommation en témoigne : pour qu’un discours ait plus de poids, foutez-en partout. Sans rire, un point de suspension vous a-t-il déjà déçu en tête-à-tête ?
Mais revenons à nos moutons, moutons.
L’homme pas drôle rit de ses propres vannes. Il en devient doublement pathétique. Appliquée à la ponctuation, cette peur de ne rien ressentir (déjà diagnostiquée ici, ici et ici par exemple) se manifeste par un certain nombre de symptômes alarmants.
Terminer toutes ses phrases par !
A moins d’être singulièrement jouasse ou au contraire remonté comme jamais, vous vous exclamez à tout bout de champ, vous, dans la vie ? Ce ne serait rien si ces ! n’étaient précédés neuf fois sur dix de smileys, « LOL » et autres variantes sur lesquelles on ne revient pas (le virus de l’homme pas drôle mute très vite).
Pour faire comprendre qu’une nouvelle vous scie les pattes :
!!!!
ou vous laisse dans l’expectative :
??????
Mille points d’interrogation ont le même sens qu’un seul : vous n’en menez pas large, un point c’est tout. C’est un peu comme zéro : on peut le multiplier à l’infini mais quel intérêt ? C’est un peu comme zéro : on peut le multiplier à l’infini mais quel intérêt ??????
A quand : : pour augmenter le suspense ou .. pour mieux marquer la fin de la phrase ?
Autre affront : les guillemets.
« Non content » d’avoir « la main lourde » à l’écrit, « on » « croit bon » de les « reproduire à l’oral » en « faisant le geste ». Aucune confiance, on vous dit !
Sans oublier … dans les basques d’etc., etc…
Comment faisaient les Mayas, les Egyptiens et les Mésopotamiens pour se comprendre en glyphes ? Ils ne chargeaient pas la barque. Une grève des scribes, voilà ce à quoi auraient conduit vos scribouillages. Et personne n’aurait découvert leur alphabet.
Merci de votre attention.